Face à l’urgence climatique et à la hausse des prix de l’énergie, dont les perspectives tarifaires pour 2023 se maintiennent à un niveau très élevé sur les marchés du gaz et de l’électricité, les collectivités territoriales et leurs groupements doivent se mobiliser dès maintenant et de manière durable pour lutter contre le changement climatique et réduire leurs consommations.
Comment l’IoT peut améliorer l’efficacité énergétique des smart city ? Quels leviers d’action pour tendre vers la sobriété énergétique des territoires ? Quels chemins emprunter ?
Au sommaire :
- Sobriété énergétique : un objectif de réduction de 10 % de la consommation énergétique
- Les recommandations du Gouvernement
- Eau potable : l’IoT pour lutter contre les fuites
- L’IoT maillon clé de la sobriété énergétique des territoires intelligents
Dans un contexte marqué par l’accélération du changement climatique et le conflit ukrainien, la transition énergétique de la France est plus que jamais la priorité. La France doit sortir de sa dépendance aux énergies fossiles et réduire de 40 % sa consommation d’énergie d’ici 2050. Cela suppose de transformer durablement nos habitudes et nos comportements. C’est le sens du plan de sobriété énergétique présenté par la Première ministre, Élisabeth Borne, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 6 octobre 2022.
Ce dernier fixe une réduction de 10 % de la consommation énergétique d’ici 2024. Pour atteindre cet objectif, le plan prévoit une mobilisation générale. État, entreprises, collectivités territoriales et citoyens devront y prendre part. Outre les engagements communs à tous les secteurs qui sont la baisse de la consommation d’énergie dans les bâtiments et l’adoption d’une mobilité plus sobre, certains sont propres à chaque secteur. Parmi ces derniers, figurent ceux pesant sur les collectivités territoriales. Le plan précise que la mobilisation concerne également les villes moyennes, les départements et les zones rurales.
Trois mesures principales doivent ainsi être mises en œuvre par les collectivités territoriales. Pour chacune d’elle, l’IoT peut permettre d’aller plus loin dans l’efficacité énergétique :
La consommation d’électricité liée à l’éclairage public représente en moyenne 30 % des dépenses d’électricité d’une collectivité. Les collectivités devront adopter les bonnes pratiques en matière d’éclairage public. Elles devront notamment ajuster l’éclairage en fonction de l’intensité lumineuse extérieure et appliquer strictement l’interdiction d’éclairage nocturne des publicités (entre 1h et 6h du matin).
Pourquoi ne pas associer ces bonnes pratiques à une démarche de smart lighting, notamment grâce à la transition vers l’éclairage LED et l’intégration de systèmes connectés ? Les données collectées via les capteurs remontent en temps réel sur une plateforme de données IoT qui permet de gérer l’éclairage public directement depuis la plateforme, d’être alerté en cas de dysfonctionnement des capteurs ou encore d’identifier des piétons et véhicules.
Le pilotage à distance et temps réel des points lumineux permet aux acteurs locaux d’assurer un éclairage public adapté aux besoins des usagers et de faire de substantielles économies d’énergie, en réduisant leur consommation d’électricité jusqu’à 67%, dès les premiers mois.
Dans le cadre du plan de sobriété énergétique, l’Association nationale des élus du sport recommande de diminuer de 2°C la température des gymnases et d’1° C la température de l’eau des piscines.
Sur ce volet, le déploiement de capteurs IoT à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments s’avère aussi pertinent. Ces derniers peuvent être employés pour piloter la température dans les bâtiments publics selon les heures, l’exposition et les besoins, suivre la consommation énergétique en temps réel, et ainsi prendre des mesures rapidement si cela s’avère nécessaire. Plus largement, le bâtiment connecté a également des usages associés à la gestion des ressources (eau, gaz, électricité), la qualité de l’air, la ventilation naturelle ou encore à la sécurisation de certains espaces. Ces dispositifs intelligents favorisent une réduction des coûts d’entretien, de fonctionnement et un accroissement de la qualité de vie des lieux pour les usagers.
Cette réduction pourrait s’effectuer en regroupant les services publics dans les locaux les mieux adaptés.
Dans cette logique, citons l’exemple de Saint Gobain. La société a mis en place une solution d’occupation des locaux optimisée pour gérer les mètres carrés chauffés et ainsi réduire la facture énergétique.
Avec plus de 875 000 km de réseau d’eau potable en France, l’Hexagone assure chaque année la desserte de quelque 26 millions d’abonnés, selon le dernier rapport de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement (avril 2021). On évalue à 20 % de l’eau potable perdue en France chaque année ! Concrètement, les pertes par fuite représentent aujourd’hui près d’un milliard de mètres cubes par an. La question de la détection et la gestion des fuites sur nos réseaux constitue donc une préoccupation majeure, renforcée par la sécheresse. Et concerne aussi bien les communes, les EPCI et les syndicats exerçant cette gestion en régie que leurs délégataires.
Aux différents systèmes de détection traditionnels (acoustiques et gaz) viennent s’ajouter de nouveaux dispositifs de prévention IoT, aujourd’hui devenus incontournables avec le développement de la télégestion et de la modélisation hydraulique. L’intégration de solutions IoT rend possible le monitoring de la consommation d’eau (débit, vitesse d’écoulement, pression, etc.), la mesure des niveaux d’eau ou encore la détection des fuites ou dysfonctionnement. Une solution récemment mise en place par la régie Eau de Nevers agglomération (58). «Nous cherchons à être encore plus réactifs en nous appuyant sur une historisation et une analyse fine des données », expliquent Dominique Derangère, chef du service eau-assainissement, et Fabrice Paccamiccio, responsable de la régie. Selon eux, «en améliorant la mise en corrélation de la production et du réseau, nous pourrons gagner du temps. »
D’autres applications sont également visées, parmi lesquelles l’optimisation de la consommation d’eau pour les espaces verts, le pilotage des installations d’arrosage à distance et le déclenchement automatique de l’arrosage selon certains critères (température, hygrométrie, pluviométrie…etc.).
Briques techniques de la Smart City, les capteurs collectent la donnée et la transmettent jusqu’au centre d’analyse et de décision. Il existe autant de types de capteurs que de grandeurs physiques à capter (lumière, présence, position, humidité, son, vibration, courant électrique, champ magnétique, présence ou non d’un gaz, flux, force, pression, niveau, etc.).
La connectivité est donc le fondement de toute l’architecture IoT (Internet of Things) sans laquelle rien n’est possible. Elle permet la communication de l’objet vers un ou plusieurs réseaux garantissant ainsi une remontée des données. Sur ce point, la question de l’interopérabilité des données est un point essentiel à prendre en compte.
Le capteur peut également fournir des éléments sur son identité, son positionnement ou toute anomalie constatée. Il peut aussi sélectionner les données les plus pertinentes afin de limiter les flux à remonter. Mais la collecte de ces données hétérogènes et nombreuses nécessite de disposer d’une plateforme IoT adaptée.
Cette vision d’ensemble œuvre en faveur de la sobriété énergétique du territoire.
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